Lundi 28 mars à 19h
Cycle d’arpentage: Lectures collectives et militantes
Tant d’auteur·icexs à lire, de théories à découvrir, de parties d’histoire à reconstruire ! Et si nous le faisions ensemble ? La lecture, loin de se résumer à une activité passive, devient dès lors un outil d’émancipation, un acte politique et militant.
L’arpentage est une méthode de lecture collective issue de l’éducation populaire: on découpe le texte, chacun·ex lit dans son coin puis on met en commun. Il ne s’agit pas d’un apprentissage ni d’une restitution scolaire, mais bien de s’approprier un texte, de susciter l’échange et de mettre en perspective nos diverses expériences de luttes en échos à ces lectures.
Pour initier ce cycle, nous avons choisi trois ouvrages à découvrir lors de trois soirées :
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Vous pouvez venir à l’une ou l’autre des soirées et même aux trois ! Le rendez-vous est fixé à 19h pour une soirée de lecture, d’échanges et de discussions.
Aucune préparation ou connaissance n’est nécessaire. Il est conseillé de ne PAS avoir lu le livre avant.
Ce soir: Se défendre d’Elsa Dorlin
Elsa Dorlin est professeure de philosophie et spécialiste des études de genre et décoloniales. Ce livre, édité chez la Découverte qui en propose le résumé qui va suivre, nous semble une lecture nourrissante pour nos luttes contemporaines. Dorlin alimente la réflexion sur les moyens d’action et l’opposition souvent présente entre violence et non-violence. Cela nous permettra d’aborder cette question sous l’angle des privilèges.

En 1685, le Code noir défendait « aux esclaves de porter aucune arme offensive ni de gros bâtons » sous peine de fouet. Au XIXe siècle, en Algérie, l’État colonial interdisait les armes aux indigènes, tout en accordant aux colons le droit de s’armer. Aujourd’hui, certaines vies comptent si peu que l’on peut tirer dans le dos d’un adolescent noir au prétexte qu’il était « menaçant ». Une ligne de partage oppose historiquement les corps « dignes d’être défendus » à ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables, sont laissés sans défense. Ce « désarmement » organisé des subalternes pose directement, pour tout élan de libération, la question du recours à la violence pour sa propre défense.Des résistances esclaves au ju-jitsu des suffragistes, de l’insurrection du ghetto de Varsovie aux Black Panthers ou aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie de l’autodéfense politique. Sous l’histoire officielle de la légitime défense affleurent des « éthiques martiales de soi », pratiques ensevelies où le fait de se défendre en attaquant apparaît comme la condition de possibilité de sa survie comme de son devenir politique. Cette histoire de la violence éclaire la définition même de la subjectivité moderne, telle qu’elle est pensée dans et par les politiques de sécurité contemporaines, et implique une relecture critique de la philosophie politique, où Hobbes et Locke côtoient Frantz Fanon, Michel Foucault, Malcolm X, June Jordan ou Judith Butler.
Intervenant·es
Clémence Demay, doctorante en droit et co-autrice de Désobéir pour la Terre.
Daniel Curnier, enseignant, docteur en sciences de l’environnement et auteur de Vers une école éco-logique.
Inscription
Collaboration
Ce cycle d’arpentage est organisé en collaboration avec les Librairies Basta! Des exemplaires des trois livres seront en vente le soir-même. Deux à trois exemplaires seront également disponibles en prêt lors de chaque soirée.


